Francesca Licari : une femme, son art, ses valeurs, ses combats
À la découverte de Francesca Licari, une artiste qui envisage l’art comme un médium qui permet de trouver et de donner un sens à la Vie…
Femme éminemment engagée dans de multiples combats de l’existence, Francesca Licari transmet sa vision de la vie et des choses à travers une expression artistique des plus riches. Peinture, sculpture, céramique, création de bijoux en des matériaux divers et varié, autant de domaines qu’elle explore de façon ingénieuse et authentique, sans jamais renoncer à son idéal de vie fait de compassion et de partage.
Il suffit d’entendre et de méditer cette maxime hautement significative de cette grande créatrice Sicilienne pour saisir un peu de la noble veine qui la caractérise.
« L’art sans le sourire d’un enfant et sans arbre, n’a aucune raison d’exister. »
Luminosité, subtilité des couleurs, originalité des formes, témoignent de la sensibilité aussi fine qu’exacerbée de l’artiste qui laisse librement aller son imagination pour mieux exprimer ce qui émane de son être intrinsèque. Également poète, elle manie le verbe à merveille et valorise hautement la chose littéraire dont elle se nourrit aussi.
Pour Francesca Licari, l’art offre une raison de vivre autant qu’elle permet et doit permettre à tous de mieux vivre. Son art, elle ne le limite pas seulement à son univers créatif individuel, mais espère qu’il puisse rejoindre l’art dans sa dimension pluriel afin de converger vers une résonnance collective destinée à éveiller la conscience de la multitude.
Cette femme extraordinaire dont la vie et l’art se fondent l’un dans l’autre, de façon naturelle et admirable, nous l’avons interviewée pour vous :
Francesca Licari, qui êtes-vous ?
Je suis née en Sicile, où l’art et la culture grouillent partout, sous forme de continuelle stimulation. Je ne pense pas que l’on devient artiste au fil du temps, mais que l’on naît artiste. Lentement, je suis devenu consciente de cet état de chose et j’en suis là, à présent, sur ce chemin de vie, qui me donne de la joie mais aussi de la souffrance, et me qui m’interroge sur d’innombrables points d’interrogation et d’exclamation. Mais, s’il en avait été autrement, j’aurais eu le mérite d’avoir essayé d’exister, en particulier dans ce domaine de création.
Comment concevez-vous la chose artistique ?
Créer, c’est comme regarder dans un miroir pour capturer quelque chose qui nous échappe, comme lorsqu’on cherche à résoudre une énigme, de façon exploratoire. Je m’attarde à réaliser des croquis. Je me fie souvent à mon instinct et je m’exerce aussi bien à la peinture, à la sculpture et à la céramique, tout en exploitant des matériaux variés tels que le cuivre et l’argent, notamment, pour la création de bijoux.
Être artiste, c’est… ?
Il n’y a pas de préconisation particulière. Ma personne toute entière me porte à être artiste. Par ailleurs, le besoin d’exprimer ce dont procède mon être, de façon intrinsèque, m’amène à vouloir communiquer à travers l’art pour nourrir l’art, en général, et non pas uniquement mon champ de créativité.
Estimez-vous avoir un message particulier à transmettre en tant qu’artiste ?
Chaque artiste, à travers ses œuvres, a pour mission de sensibiliser aux questions sociales qui en appellent à la solidarité de tous. En ce qui me concerne, à travers mon petit parcours, c’est le message que je tente de transmettre également à travers mon travail, sans grandes prétentions, mais sûrement, obstinément.
Hier, l’optimisme s’est traduit par les yeux de l’espoir dans la perspective d’un avenir meilleur pour tous les peuples de la terre comme pour la terre elle-même. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Il y a encore l’indifférence, le pire crime qui gangrène la société actuelle régie par de multiples changements, et qui fait qu’on refuse de voir la souffrance des êtres sans défense, celle des enfants, en particulier. Toutefois, l’altération de la qualité de la mer de même que la fonte dramatique de la calotte glacière nous obligeront probablement à prendre conscience de la nécessité de tourner nos regards vers les autres.
Quel est le rôle de l’artiste selon vous ?
La tâche fondamentale en tant qu’artiste consiste à être une partie intégrante et active de ces changements, d’en parler à travers nos œuvres et de sensibiliser les gens dans le but de de créer un monde plus solidaire, davantage à l’écoute.
Je ne reste pas non plus silencieuse face aux injustices et face à l’abus du pouvoir. J’ai donc l’intention de poursuivre dans cette voie, en m’appuyant sur mon art, comme toujours.
Tous mes spectacles ont traité, presque toujours, des questions sociales en faveur des enfants, en particulier. J’y dénonce également la violence sous toutes ses formes, tout en militant pour la protection de l’environnement et du patrimoine culturel.
Quelle femme êtes-vous ?
Quel genre de femme suis-je ? Je dirais une femme comme tant d’autres, qui a travaillé très dur et véritablement combattu l’inacceptable, sans avoir jamais plié ni fait de compromis à ce niveau, même d’un point de vue artistique comme au-delà, et il en est encore ainsi. J’ai essayé de donner à mes enfants, un garçon et deux filles dont l’une est jeune maman, ce que je considère comme étant les valeurs essentielles de la vie. Néanmoins, je n’ai pas fourni beaucoup d’effort à cette fin car ils sont fantastiques et dotés d’une sensibilité hors du commun. Je ne peux pas toujours faciliter leur voyage dans ce monde, souvent aride, mais assurément, ils ne manqueront jamais d’amour, tant je privilégie le fait de les entourer d’affection, sans compter, tout en me réjouissant d’être leur mère.
« Je vous remercie pour cet entretien et vous entoure de mes pensées.
Un merci tout particulier à vous, Eurydice Reinert, poète d’une rare sensibilité, que je tiens en grande estime et affection. », ajoute-t-elle, pour finir, avec cette générosité de cœur et cette candeur naturelle qui la caractérisent et nous la remercions sincèrement, en retour.